Philippe Manier alias Biguma : un procès en appel marqué par des récits glaçants

Philippe Manier alias Biguma : un procès en appel marqué par des récits glaçants

Le procès en appel de Hakizimana Philippe Manier, alias Biguma, ancien gendarme rwandais accusé de génocide et de crimes contre l’humanité, se déroule actuellement à Paris. Cet homme, condamné à perpétuité par la Cour d’Assises de Paris en juin 2023, est accusé d’avoir joué un rôle central dans les massacres de 1994 lors du génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994. Les audiences de ce mercredi 27 novembre 2024 ont mis en lumière des récits poignants, notamment ceux des attaques sur la colline de Nyabubare et l'assassinat du bourgmestre Nyagasaza.

 Nyabubare : une attaque méthodiquement organisée 

Les témoignages présentés décrivent l'assaut sur la colline de Nyabubare, où des centaines de Tutsis s’étaient réfugiés. Selon les récits, Biguma aurait supervisé l’organisation des attaques, notamment en collaborant avec les milices Interahamwe. L'utilisation d’armes lourdes, comme un lance-grenades, a été rapportée, témoignant de la violence systématique des assauts. Les assaillants auraient ensuite pillé les biens des victimes sur ordre de Biguma, illustrant une cruauté calculée.

 Nyagasaza : une mort symbolique

 Le procès a également mis en avant le meurtre du bourgmestre Nyagasaza, tué alors qu'il tentait de sauver des Tutsis en les aidant à traverser une rivière pour fuir vers le Burundi. Il aurait été capturé et exécuté devant les bureaux de sa commune, un acte visant à intimider ceux qui osaient secourir les victimes. 

Défis des témoignages

 La défense de Biguma remet en question la fiabilité de certains témoignages, affirmant qu'ils auraient pu être influencés par des pressions exercées dans les « commissions vérité » organisées en prison après le génocide. Ces allégations visent à discréditer les récits des témoins, dont certains affirment avoir vu Biguma diriger les attaques.

Une quête de justice qui continue 

Ce procès en appel s’inscrit dans une démarche essentielle de justice internationale, à la fois pour punir les responsables et pour offrir un espace de mémoire aux survivants. Les prochaines audiences se pencheront sur les massacres commis sur d'autres sites clés, notamment la colline de Nyamure.

Ce procès rappelle que, malgré le temps écoulé, le besoin de vérité et de reconnaissance demeure central dans le processus de justice et de réconciliation pour les crimes de génocide.

 Telesphore KABERUKA